Pantxoa Etchegoin: "Au seuil de l.an 2000 le panorama culturel du Pays basque est positif"

1999-03-05

ITHURBIDE, Maite

Elkarrizketa Pantxoa Etchegoin, directeur de l'Institut Culturel Basque Euskal Kultur Erakundea "Au seuil de l’an 2000 le panorama culturel du Pays basque est positif" Maite Ithurbide * Traduction au français de l'original en basque Pantxoa Etchegoin est le directeur de l’Institut Culturel Basque. Cette institution d’Iparralde (Pays Basque nord ou français) a pour but de faire vivre la culture en étudiant la langue basque tout en examinant toutes ses sources. Notre langue doit trouver la solution pour survivre et le rêve de son directeur est de prendre la voie la mieux adaptée. Aujourd’hui quelle est la fonction de l’institut culturel basque ? Comme entrée en matière, je dirais que dans la société actuelle le plus important est de rassembler les énergies et de partager les expériences. On retrouve cette observation dans les fonctions de l’Institut Culturel basque. Tous les jours, nous travaillons avec des responsables d’associatons culturelles, que ce soit dans la création, l’organisation et la diffusion, tout en essayant de structurer le travail de chacun, en les aidant d’une façon efficace à faire aboutir leurs projets. Deuxièmement, nous jouons le rôle d’intermédiaire entre les différentes institutions et associations. En deux mots, je dirais que l’Institut Culturel Basque est le seul endroit en Iparralde, où peuvent communiquer les membres des associations avec les représentants des pouvoirs publics. Et pour moi, cela est très important. Enfin, l’Institut Culturel Basque doit prendre le temps de réfléchir pour trouver un équilibre entre la tradition et la modernité, en se projetant dans l’avenir tout en gardant notre personnalité basque, en prenant en compte l’environnement mondial dont celui de l’information. L’ICB a publié une revue, "Leihotik", cette année. Huit ans après la création de l’ICB, pourquoi avez vous pensé à diffuser cette publication ? Nous voulons que ce périodique "Leihotik" soit pratique. Notre souhait est qu’il soit bi mensuel, afin de développerles relations entre les associations, et en même temps qu’il soit un moyen d’information pour le grand public. Nous choisissons comme thème principal un sujet culturel, puis des interviews et surtout nous souhaitons publier des informations pratiques. Le savoir faire et le faire savoir sont à mon avis indissocialbes. Suite à une enquête organisée par l’ICB, au Pays Basque Nord 11% des jeunes parlent le basque. En comparant avec les années précédentes, comment expliquez vous les raisons de cette baisse ? Y a t il des moyens efficaces pour modifier cette tendance ? En Iparralde, la situation de la langue basque est plus que préoccupante, et surtout auprès des jeunes. Bien sûr, on retrouve beaucoup de raisons à cette baisse. Tout d’abord, je parlerai du manque de transmission dans la famille, des mutations de l’environnement qui ont apporté un changement social, de la ferme basque à la ville francisée et bien sûr le manque de reconnaissance comme langue officielle dans l’enseignement, la vie publique, les entreprises, l’administration etc.... En regardant plus loin, il me semble que ceux qui parlent le basque doivent l’utiliser, davantage, sans complexe, tout en utilisant le bilinguisme dans certaines situations. Sans aucun doute, la solution reste dans l’enseignement, mais aussi que la langue basque soit reconnue comme langue officielle. D’autre part, nous devons travailler pour que notre langue soit moderne, qu’elle s’exprime dans les domaines scientifiques, l’informatique, la littérature, l’expression artistique, et aussi dans les communautés urbaines, comme tout autre culture, je crois que le basque de demain se développera dans un environnement urbain. ICB prépare pour l’an 2000 une grande exposition sur le chant. Pensez vous que par l’intermédiaire du chant on peut redresser la situation de la langue ? La littérature, la versification, le chant et le théâtre en s’exprimant en basque, enrichissent la langue. Sans aucun doute, le chant tient une place considérabledans le monde culturel basque. Avec la question précédente, le chant a sans aucun doute une relation certaine. Comme la langue, le chant ne se transmet pas, comme dans le passé, par la famille ou le village. Petit à petit, le chant perd l’image sociale qu’il représentait, pour devenir quelque fois une production commerciale. Avec cette exposition nous voulons que le chant basque celui d’hier comme celui d’aujourd’hui soit davantage reconnu, et transmis surtout chez les enfants et les jeunes, au même niveau que les autres chants d’autres cultures, bref, qu’il soit valorisé ici et à travers le monde. Il faut apprendre le basque mais aussi vivre immergé dans la culture basque. C’est la finalité de notre projet. Les enfants et les jeunes sont les meilleurs promoteurs de la langue basque. Quels seraient les éléments formateurs pour renforcer cette culture ? Il me semble que les formations qui sont offertes devraient avoir au moins deux éléments : le premier, pour compenser le manque de transmission, une éducation artistique est indispensable, à l’école mais aussi en dehors., par exemple dans le domaine du patrimoine ou de la littérature. De la même manière, ils devraient apprendre à associer la culture basque à celles d’autres pays du monde; c’est ainsi que font toutes les cultures pour s’enrichir mutuellement. Enfin, il faudrait mener une réflexion globale pour savoir comment la culture basque, sans perdre son âme, peut trouver sa place dans les divers champs culturels de demain. Comment voyez vous de l’Institut Culturel Basque le panorama culturel du Pays Basque ? A la veille de l’an 2000, je suis assez optimiste sur la situation de la culture du Pays Basque, bien que je sente dans certains domaines une faiblesse du côté de la création. Les individus et les associations ont une énergie considérable pour faire aboutir leurs projets. Souvent, avec peu de moyens, on réussit de belles réalisations, autant dans le chant, que dans le théâtre, la littérature et aussi dansla versification. On pratique de plus en plus d’échanges en invitant des groupes de danses et de musiques d’autres pays étrangers. Ces dernières années, les spectacles audio visuels ont pris une importance considérable, surtout en Hegoalde (Pays Basque sud). D’autre part, on sent chez les jeunes le désir de structurer toutes ces actions et celui de collaboration. Le meilleur exemple en Iparralde est celui de l’association Piztu, qui organise le festival du "Euskal Herria Zuzenean". Ceci étant dit, mais il me semble que nous manquons de critique de presse. Cela est regrettable, car pour améliorer le niveau culturel, les critiques quand elles sont sensées sont indispensables. Les relations que l’Institut Culturel a avec d’autres organisations culturelles d’Hegoalde (Pays basque sud), sont elles suffisantes ? Même s’il y a des grandes différences entre le Pays Basque Nord et le Pays Basque Sud, l’Institut Culturel Basque a de bonnes relations et elles sont fécondes, par exemple avec les services du Gouvernement Basque et du Gouvernement de Navarre. Ainsi, nous avons mené ensemble l’enquête socio linguistique, nous avons travaillé ensemble dans le projet de revitalisation de la langue basque. Pour moi, ces expériences sont très fructueuses, des actions de Hegoalde sont applicables à l’échelle d’Iparralde, par exemple dans les méthodes de travail et l’échange d’informations. Quelquefois, nous travaillons avec les télévisions et les radios basques, avec des centres culturels et des fédérations, par exemple avec Sarobe d’Urnieta ou avec des groupes de théâtre. Il est vrai que nous devrions avoir davantage de relations mais cela sera le résultat d’actions quotidiennes. Quel type de relation a l’Institut Culturel Basque avec l’Etat français ? Nous avons des relations proches avec l’Etat français, avec le service décentralisé de la D.R.A.C. à Bordeaux, qui nous aide financièrement mais aussi fait partie de notre Conseil d’Aministration, le département, la région et avecles responsables du Gouvernement Basque. Ainsi, ils suivent nos travaux, participent aux négociations. Cela se passe bien. Pendant les fêtes de votre village quel genre de danses et de chants vous plairaient ? Dans les fêtes ce qui me plait le plus c’est l’ambiance qu’elles génèrent comme chanter des chants traditionnels avec des amis, pendant trois ou quatre heures, ou contempler le fandango d’Arratia (je le trouve très frais et plein d’énergie). Quel est votre rêve en tant que directeur de l’Institut Culturel Basque et en tant que vous même ? Le rêve du directeur de l’Insitut Culturel Basque : trouver les clés pour développer la culture basque et surtout que tous ensemble nous sauvions la langue basque. Mon rêve : écrire un roman et avoir le temps nécessaire pour l’écrire. Quelle serait votre réaction si tous les textes officiels étaient bilingues basque et français ? J’aurais une réaction tout à fait positive et je serais enchanté. En effet, une langue et surtout lorsqu’elle est minorisée, doit être à la fois écrite, entendue et vue. Ainsi, celui qui la sait se rend compte de son importance sociale et a moins honte de la parler et le fait de voir dans les espaces publics l’affichage en basque tout près de celui en français peut être un sujet de réflexion positive pour la personne qui ne la connaît pas. Je souhaiterais rapidement que cette question devienne réalité. Pour vous qu’est ce que signifient les grottes d’Oxozelhaia ? Lorsque je me rends aux grottes d’Oxozelhaia ou d’Arbéroue, il me semble que dans l’humidité des pierres et des stalactites, le temps s’est arrêté. Les dessins des pottoks et des chats sauvages m’impressionnent fortement. Et en sortant de là bas, à nouveau, le silence, l’odeur agréable des pâturages, le trésor d’Arbéroue. Aujourd’hui encore, on y fait des fouilles. Chaque génération a apporté sa pierre, dans ces endroits mystérieux. Quels sont vos loisirs ? Mes loisirs : course à pied, randonnées en montagne, lire, chanter et faire du théâtre.PANTXOA ETCHEGOIN Pantxoa ETCHEGOIN a toujours été impliqué dans les activités de la culture basque en Iparralde. Non seulement, il a été lecteur de romans dans les radios en langue basque Gure Irratia et Irulegiko Irratia mais il a fait aussi les traductions du guide touristique du Pays Basque. Pour le musée Grévin de Saint Jean de Luz il a traduit les textes et les enregistrements. Actuellement il est directeur de l’Institut Culturel basque, et après huit ans d’existence de cet institut, il publie le bimensuel ‘Leihotik" (par la fenêtre). Photos de P. Etchegoin: J. Claude Broca / E.K.E.
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