Piarres Xarritton: "L'espace qui sépare le Pays Basque Nord du Pays Basque Sud est encore grand"

1999-04-14

GURUZIAGA, Marta

Elkarrizketa Piarres Xarriton, Prix Manuel Lekuona 1999 "L'espace qui sépare le Pays Basque Nord du Pays Basque Sud est encore grand" * Traduction au français de l'original en basque Marta Guruziaga Le 15 mai prochain, à Hasparren, ville natale du lauréat aura lieu la remise du prix Manuel Lekuona 1999. C'est essentiellement le travail culturel important réalisé par l'intéressé que la Société d'Etudes Basque a voulu distinguer à cette occasion, sans négliger pour autant l'action sociale réalisée par lui au cours de sa vie. Pierre Charritton prendra ainsi rang dans la longue liste des lauréats qui ont reçu le prix Manuel Lekuona depuis 1983. Même si vous n'appréciez pas les grandes cérémonies, cette année vous recevrez le prix Manuel Lekuona, attribué par Eusko Ikaskuntza. Que représente pour vous, cette remise de prix ? Tout d'abord, le prix Manuel Lekuona me rappelle Manuel Lekuona lui même et son frère Martin Lekuona, fusillé en 1936, ainsi que tous ceux qui ont reçu ce prix, des amis aujourd'hui disparus, tels que le Père Riezu, Eugène Goyheneche et Carlos Santamaria. C'est un grand honneur pour moi d'être nommé au même titre qu'eux. L'année dernière au mois de mai, vous avez reçu un hommage. Avec sept autres écrivains vous avez été nommé membre d'honneur de la société EIZIE. Avant qu'il n'y ait des traducteurs de basque professionnels, on voudrait rappeler les travaux considérables, que vous avez faits, pendant les années sombres. Après avoir dépassé ces temps obscurs, comment se présente aujourd'hui notre ciel, sombre ou étoilé ? C'est vrai, EIZIE m'a placé dans les rangs des traducteurs. Je ne vais pas nier que j'ai recueilli les travaux des autres, je les ai fait publier, ou parfois je me suis efforcé de les traduire en basque, plutôt que de créer moi même du nouveau. Mais la faculté de créer n'est pas donnée à tout le monde. D'autre part, il y a des priorités et il me semble que pour faire naître ou renaître notre culture, il faut d'abord quelle se consolidegrâce aux autres cultures. Il y a quelques jours s'est terminé à Sare, le rassemblement des écrivains du Pays Basque. En France, sait on que la littérature basque existe ? Je me demande si certains français savent que le Pays Basque existe ! En Europe, certains ont affirmé découvrir la littérature basque par l'intermédiaire d'Atxaga "Obabakoak". Croyez vous que c'est exact ? Il se pourrait. Moi même, je connais un basque qui a retrouvé son identité après avoir vu le film "Mourir à Madrid" de F. Rossif Vous êtes membre de deux sociétés transfrontalières, Eusko Ikaskuntza et Euskaltzaindiza. De telles sociétés qui s'activent quotidiennement dans des activités communes des deux côtés de la frontière, ne sont pas très nombreuses. Aujourd'hui l'espace qui éloigne Iparralde d'Hegoalde, est il toujours aussi grand ? Oui, l'espace qui sépare le Pays Basque Nord du Pays Basque Sud, est encore grand. Depuis le déplorable traité de 1659, combien de fois et de quelle manière les autorités de Paris et de Madrid et leurs représentants et complices locaux ne nous ont ils pas éloignés les uns des autres ! Vous avez dit que vous n'étiez pas poète. Vous seriez plutôt "chasseur ou pêcheur". Que recherchez vous ? J'aurais dit que je n'étais pas poète. Je serais plutôt chasseur ou pêcheur. Il se pourrait. Cette réflexion me rappelle l'anthropologue Zulaika, qui affirmait que ces deux activités étaient en relation avec l'érotisme. Et alors, bien entendu la poésie... Nous savons que vous connaissez parfaitement votre environnement, mais vous avez avoué que pour fuir le monde contemporain vous alliez à la rencontre des écrivains du XVIIIème et du XIXème siècles. Qu'est ce qui provoque en vous ce besoin de fuite ? Qu'est ce qui m'emporte du XXème siècle vers les siècles antérieurs ? Le fait peut être que je n'ai pu réaliser le projet que j'avais imaginé pour le XXème siècle. Avant de renoncer à mon rêve, j'ai voulu rechercher quels changements avaient eu lieu lors des passages d'un siècleà l'autre ; à partir de là, j'essayais de concevoir le projet que mon pays réalisera au cours de ce vingt et unième siècle que je ne verrai pas. La publication, de vos deux premiers livres, a eu lieu il y a plus de cinquante ans. En jetant un regard en arrière, qui aurait pu affirmer qu'un fils d'agriculteur scolarisé au Séminaire d'Ustaritz aurait eu la passion d'écrire ? Le goût que j'ai pour la lecture et l'écriture, je le dois à mes parents : à ma mère Gaxuxa et à ma tante Marianne. Vous avez été fondateur du Foyer Basque à Paris. Aujourd'hui que créeriez vous ? Qu'est ce qui a changé après tant d'années ? Quand nous avons créé ce foyer à Paris, il y a cinquante ans, c'était pour rassembler les jeunes basques qui allaient travailler à Paris. Beaucoup de choses ont changé depuis. Aujourd'hui peu de gens vont à Paris pour y trouver du travail. Même ceux qui y vont, ne restent que cinq ou six ans, puis retournent au pays. Il me semble encore que le foyer aurait d'autres fonctions à remplir aujourd'hui. Jadis, il y eut à Paris le fameux Collège de Navarre. Lors de la création du foyer basque, quelques artistes basques étaient venus me voir avec Oteiza, à leur tête. Ils me firent savoir que la Communauté Forale de Navarre était intéressée pour héberger dans ce foyer les étudiants originaires de Navarre. Cela n'eut pas de suite. Pourquoi ne pas imaginer aujourd'hui un foyer pour les étudiants à Paris pour les étudiant basques du monde entier, les sept provinces d'Euskal Herria et diaspora. Le 15 mai, qui souhaiteriez vous rencontrer dans votre ville natale ? Qui est ce que je souhaiterais rencontrer dans ma ville natale ? Tout d'abord, ceux qui ne seront pas présents, mes parents, frère, soeur et amis disparus. Je voudrais les remercier et demander pardon plus particulièrement à Manuel Lekuona lui même. A Bayonne, lors d'une rencontre au Musée Basque, nous eûmes une vive discussion à propos du basque unifiée. L'Eglise devait t elle suivre le travail de l'Académie ence domaine ou bien réaliser un travail parallèle. PIARRES XARRITTON (Hasparren, 1934) *Bibliographie* Eskualdunak.(Eskual Herria, 1943; sous le pseudonyme de Xabier Gasteiz). Petite Histoire Religieuse du Pays Basque. (1946) Le droit des peuples à leur identité. (ed. Fides, Montréal, 1979) Pierre Broussain (Editions du CNSR, 1985) Resurrección María de Azkue eta Pierre Broussain en elkarridazketa. (Euskaltzaindia, 1986) Les idées philosophiques et religieuses de Pierre Lafitte. (Bulletin du Musée Basque, nº 113 114) Fonds Lacombe: Les lettres du docteur Jean Etchepare. (avec J. Casenave), (Bulletin du Musée Basque, nº 98 108 109 110 111 140 141 142 143 144 J.M. Moulier "Oxobi". (Eusko Jaurlaritza 1990) Piarres Broussain, eusko ikaskuntza'ren lehendakari ordea. (RIEV, 1990, 35 1) Xabier Diharce "Iratzeder". (Eusko Ikaskuntza, 1994) Jean Etchepare Mirikuaren Idazlanak (1877 1935). (Elkar, 4 tomes) Piarres Larzabalen Idazlanak. (Elkar, 7 tomes) Hiztegia. (avec Xabier Kintana, 1997)
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