Face aux grands changements qui s'annoncent, la nécessité de préparer la transition sociale s'impose, en veillant à préserver la culture et l'identité basques.
Des dizaines d'experts et des centaines de citoyens ont assisté aujourd'hui, 3 octobre, à la deuxième journée du XIXe Congrès d'Eusko Ikaskuntza – Société des Études Basques, au Palais des Congrès Europa de Vitoria-Gasteiz. Il s'agissait de passer en revue les enjeux actuels de la société civile et d'articuler des propositions pour y répondre, par le biais de projets et d'expertises. Notamment, Eusko Ikaskuntza prévoit d'élaborer un plan de promotion de la diversité et du vivre ensemble, afin d'épauler les institutions pour relever ces défis.
Selon Ana Urkiza, présidente de la Société des Études Basques, « La société basque aura, à l'avenir, un certain nombre de défis à relever, ce qui est déjà perceptible, et, compte tenu de la rapidité de ces changements, nous devrons certainement les aborder dans un avenir proche. Et c'est précisément l'un des objectifs de ce Congrès ».
Ainsi, Patxi Juaristi, président du XIXe Congrès confirme : « Il nous faut nous préparer à ces transitions sociales et le Congrès est un point de départ et un excellent espace de rencontre pour cela. Le Congrès, intitulé Ce qui nous unit, poursuit un objectif très clair : réfléchir aux défis auxquels sont confrontés les centaines de personnes présentes et les très nombreux experts, afin de sensibiliser la communauté basque. Il s'agit d'affronter l'avenir et ses enjeux ».
La deuxième journée du Congrès s'est ouverte sur la conférence de Lola S. Almendros, chercheuse à l'Université de Salamanque. L'intervention s'intitulait Les sociétés actuelles et leurs réseaux : évolution, participation et vivre ensemble. Almendros a passé en revue l'évolution des sociétés contemporaines, les réseaux qui les composent et la manière dont elles influencent notre capacité à participer, à vivre ensemble et à évoluer en tant que communauté.
En partant de ces prémisses, elle a ensuite développé trois grands axes : le devenir socioculturel, l'aliénation que nous vivons dans différents domaines de la vie sociale et, enfin, les défis du vivre ensemble et de la citoyenneté dans le contexte actuel. De fait, les défis que devront relever les sociétés contemporaines ne concernent pas uniquement les aspects technologiques ou politiques mais aussi le niveau profondément humain.
« C'est un défi que de trouver des moyens de vivre ensemble dans un monde qui évolue rapidement. Cela signifie qu'il nous faut repenser nos pratiques, nos valeurs et surtout notre manière de communiquer avec les autres et avec nous-mêmes dans un monde de plus en plus informatisé » a précisé Almendros.
Un projet par défi
Au cours des trois dernières années, Eusko Ikaskuntza a travaillé sur certains des défis mentionnés par le biais de divers projets. Parmi ces derniers, quatre ont fait l'objet d'une présentation pendant la journée, avec exposition des propositions et des conclusions. Comme l'a expliqué Urkiza, « les conclusions soulignent que la cohésion sociale et la participation communautaire sont indispensables pour relever les défis de l'avenir. Il nous faut développer l'identité, la culture, l'éducation et l'innovation sociale basques au sein d'une transition écologique, numérique et sociale basée sur la dignité, l'inclusion et la diversité. »
Juaristi a renchéri : « La participation et la coopération de la communauté doivent être encouragées à différents niveaux car les initiatives qui favorisent la gouvernance ouverte et l'innovation sociale démontrent la capacité de construire un avenir meilleur ».
Portant sur l'identité, le premier projet présenté était intitulé « L'identité ou les identités basques au XXIe s. : horizon 2050 ». Outre l'exposition du projet, les domaines analysés, le diagnostic et les résultats ont également été détaillés. En conclusion, le groupe de travail a mentionné les points suivants :
L'identité et la diversité basques doivent être considérées comme une richesse qui favorise l'unité et la cohésion entre les différents territoires. « L'inclusion et la participation sont essentielles à l'intégration des immigrés et des personnes en périphérie de la société. L'implication de l'ensemble de la communauté est nécessaire pour construire une identité basque forte et unie », expliquent les coordinateurs du groupe.
Puis le deuxième projet de la journée a fait l'objet de l'attention de l'assistance. L'importance de créer un espace éducatif commun où la langue et la culture basques seront les éléments communs a ainsi été souligné. « Il faut promouvoir les réseaux collaboratifs, la mobilité et l'inclusion pour favoriser la cohésion interterritoriale », a déclaré Nora Salbotx, membre du projet.
Une réflexion créative, avant-gardiste et innovante
Puis est arrivé le tour de Kukai Dantza Taldea, groupe de danse promoteur d'une réflexion créative. Cette activité pionnière et innovante a réuni de nombreux artistes de toute l'Euskal Herri. En outre, les danseurs sont intervenus en sollicitant la participation directe du public du Congrès.
« Nous voulions dépasser le concept traditionnel du spectacle en proposant une activité faisant partie intégrante du Congrès et poursuivant les mêmes objectifs. C'est pourquoi Kukai Dantza Taldea a repris la diversité de la musique basque à son compte pour présenter cette activité artistique de participation directe. Leur but était clair : « transmettre des idées et ouvrir un espace de réflexion » selon Juaristi.
Après la pause déjeuner, le troisième projet GizarteLAB : laboratoire d'expérimentation en innovation sociale a été présenté. La conseillère basque pour l'égalité, la justice et les politiques sociales, Nerea Melgosa, a expliqué le contexte dans lequel s'ouvre cette section.
Dans cet axe, à cette occasion, l'innovation sociale et la gouvernance ouverte se sont révélées être des modèles efficaces et, face aux transitions numériques, écologiques et démographiques, l'importance de la participation citoyenne a été mise en évidence. « L'expérimentation et la collaboration des citoyens avec la classe politique sont nécessaires pour créer de nouveaux modèles et renforcer les communautés », a déclaré Auxkin Galarraga, directeur scientifique du projet.
Pour terminer, le quatrième projet Droits culturels : politiques de participation et de gouvernance a fait l'objet d'une présentation. Comme dans les cas précédents, après décryptage du cadre théorique et méthodologique, le diagnostic et les propositions ont été exposés.
En guise de conclusion, Oskia Ugarte a souligné que dans le domaine culturel, la participation et la gouvernance inclusive sont essentielles. « Il faut améliorer la situation de la culture basque. Il s'agit donc de créer des écosystèmes culturels participatifs et pluriels au sein desquels puissent collaborer les communautés, les créateurs et les institutions ».
Ainsi, pour clore cette deuxième journée du Congrès en beauté, les conclusions des derniers axes présentés ont été tirées, avant de dégager les grandes lignes pour l'avenir. En bref, ces quatre projets ont montré que « l'inclusion, la participation, la diversité et la coopération sont essentielles » pour construire l'avenir de la société basque. En ce sens, la Société des Études Basques – Eusko Ikaskuntza témoigne de sa volonté d'élaborer un plan de promotion de la diversité et du vivre ensemble, comme c'est toujours le cas, par le biais d'une médiation directe avec les institutions.
PHRASES CLÉS DE LA JOURNÉE
Ana Urkiza :
« La cohésion sociale et la participation communautaire sont indispensables pour relever les défis de l'avenir ».
Patxi Juaristi :
« Les initiatives qui favorisent la gouvernance ouverte et l'innovation sociale démontrent la capacité de construire un avenir meilleur ».
Lola S. Almendros :
« Il nous faut repenser nos pratiques, nos valeurs et surtout notre manière de communiquer avec les autres et avec nous-mêmes ».
Le XIXe Congrès d'Eusko Ikaskuntza a reçu les soutiens suivants : Députation Forale d'Alava, de Bizkaia et du Gipuzkoa ; Gouvernement de Navarre ; Communauté Agglomération Pays Basque ; Gouvernement basque ; Ministère des Sciences, de l'Innovation et des universités ; Laboral Kutxa ; Vital Fundazioa ; mairies de Bayonne, Bilbao, Donostia-St Sebastian, Pampelune et Vitoria-Gasteiz ; Université de Deusto, Université du Pays Basque, Mondragon Unibertsitatea, UNED, Université Publique de Navarre, Université de Navarre et Université de Pau et des Pays de l'Adour ; Berria, EITB, Correo, Diario Vasco, Gara, Groupe Noticias, Tokikom, médias Goiena et Association Altube.