Xabier Diharce 'Iratzeder': "J'avais appris beaucoup de chants basques et ces chants m'avaient beaucoup apporté. Pour moi ils étaient des symboles"

2001-03-09

ETXEZAHARRETA, Luzien

Elkarrizketa: Xabier Diharce "Iratzeder" Xabier Diharce "Iratzeder" "J'avais appris beaucoup de chants basques et ces chants m'avaient beaucoup apporté. Pour moi ils étaient des symboles" * Traduction au français de l´original en basque Lucien Etxezaharreta Xavier Diharce, connu sous le nom "Iratzeder" est né en 1920 à Saint Jean de Luz, dans la province du Labourd. Il rentra moine dans l'ordre des Bénédictins au monastère de Belloc, près d'Hasparren. Il y est depuis plus de soixante ans et il en fut le Père Abbé durant quelques années. Il y continua aussi son activité littéraire en langue basque qu'il avait débuté très jeune. Il y édita un périodique en euskara, "Otoizlari". Il publia un ouvrage important "Salmoak" ("les Psaumes"), un ensemble de Psaumes qu'il avait traduits et qui prirent une place majeure dans la diffusion de la liturgie en basque, en appliquant les recommandations du Concile Vatican II dans la décenie des années soixante. L'oeuvre poétique d'Iratzeder s'inscrit dans une poésie mystique exprimant une vie intérieure intense marquée par une foi vivante et par un amour de sa terre et natale et de sa langue. La plus grande partie de ses texte se trouve rassemblée dans l'ouvrage "Biziaren Olerkia" ("La poésie de la Vie"), en 1983. Il y a rassemblé ses divers recueils poétiques. Le premier de ceux ci "Pindar eta Lano" ("Etincelles et brouillard") parut en 1946. Nous avons rencontré Iratzeder dans sa colline inspirée qu'il désigne par le vocable de "zerumendi" ("montagne céleste"). Comme toujours, avec une grande humilité, il nous parle de sa vie et de sa démarche poétique, protégé par les beaux arbres du parc éclairés de soleil d'automne. Pour ceux qui ne vous connaissent pas, pourriez vous indiquer l'origine de votre nom littéraire? Mon nom de famille était Diharce, et je me demandais d'où provenait ce nom... C'est alors que je pensai au mot "ihartz", venant du mot "iratz", "fougère". Ensuite, pour embellir ce nom j'ajoutai "eder" ("beau"), et ce fut"Iratzeder". Ce n'est peut être pas une explication suffisante : il semblerait que la fougère possède certaines qualités... Les fougères se trouvent en montagne sur des terrains incultes ; alors, la fougère est un nom qui évoque la liberté et pas seulement la liberté mais aussi une plante qui pousse en zone de montagne. Il lui suffit peu de chose pour qu'elle croisse, un peu de terre lui suffit... Mais l'eau lui est nécessaire. Oui, mais le vent procure la vie à la fougère: alors je pensais que le bertsulari (l'improvisateur de vers) était ainsi, que l'air de la montagne et l'air de l'océan frappaient sa pensée et naissaient alors en lui les vers. En quoi consiste votre vie quotidienne ici à Belloc ? Quel est l'emploi du temps de votre journée par exemple? Le lever est à six heures, on chante les psaumes à six heures et demie en compagnie des autres frères pour faire offrande de la journée. On déjeune ensuite à huit heures et j'entreprends le travail, dans mes occupations, dans mes livres. Ensuite à midi, nous célébrons la messe solennelle ensemble, puis, l'après midi, je reprends à nouveau mon travail et dans la soirée nous avons une réunion. Le Père Abbé mène la réunion et chacun parle de sa journée. Nous vivons ensemble en fait. Mon travail est donc de chanter les Psaumes cinq fois par jour et ensuite je reprends parfois mes écrits et quand je le peux j'écris des poèmes. Quels livres lisez vous, beaucoup de livres basques, des livres qui viennent de paraître par exemple? Je ne lis pas beaucoup. Mais je fais beaucoup de rêves, des rêves et des prières, et là je trouve les thèmes de mes vers. Traducteur des Psaumes, vous les avez adaptés, vous avez été l'un des plus grands adaptateurs au Pays Basque. Le basque dont vous avez fait usage alors, quel est il ? Comment avez vous procédé ? Ce travail de traduction en basque n'est pas facile... J'avais appris les Psaumes en latin ici. Nous les chantions en latin et alors comme j'avais l'habitude d'écrire des vers, jechantais les psaumes en latin avec les autres frères, puis je les chantais en basque dans mon coeur et je faisais paraître parfois les vers qui me venaient à l'esprit. On dit souvent que les latinistes, les moines, en prenant l'exemple de l'écrivain classique Axular, ont trop introduit les formes latines dans la langue basque. Avez vous considéré cela comme un danger ou avez vous privilégié le parler local ? Quel parler avez vous fait valoir ? Vous avez appris le basque parlé à Saint Jean de Luz, en tout cas... Oui, ce sont les vieilles chansons basques qui m'ont plu. Alors, ces chansons ont été les sources de mon savoir. Je n'ai pas eu d'enseignant pour apprendre le basque, seulement ma famille. Autrement dit, j'ai appris comment développer les idées, dans les poésies et les chansons. Ces idées trouvent aussi leur fondement dans votre vie. La culture qu'a acquise le petit Xabier Diharce a t elle eu un impact vos choix linguistiques et votre production? J'ai appris beaucoup de chansons basque dès mon plus jeune âge et ces chansons ont été les voies de ma connaissance. Vous dîtes souvent que votre père vous avez forcé à apprendre le basque lorsqu'il eut connaissance de votre volonté de sacerdoce. Quand nous rentrions de l'école, nous commencions à parler français, comme nous le faisions à l'école. Alors, papa nous demandait, en criant, de parler basque. C'est ainsi que nous avons été attachés à la langue. J'ai aussi appris beaucoup de chansons basques. J'ai appris par les chansons basques comment il fallait traiter ce monde basque si attachant. J'aimais beaucoup apprendre les chansons basques et j'avais appris toutes les chansons que je pouvais. Quand je m'apercevais qu'une personne savait une chanson que je ne connaissais pas, je ne la laissais pas en paix jusqu'à ce que je l'apprenne et ainsi j'ai appris beaucoup de chansons basques. Je les avais en mémoire, je les écrivais aussi et les retenais. Vous parlez de vieilles chansons. A quel monent faisiez vous un rapprochementavec la littérature basque ? Vous avez appris dans les livres aussi, assurément. Quels ont été vos modèles ou ceux auxquels vous vous êtes référés? Mon professeur a été Jean Barbier, le curé de Saint Pée sur Nivelle. Il a écrit le livre "Piarres". Je l'avais soigneusement lu et avais appris son contenu. Même si peu de livres du médecin Jean Etxepare ont été publiés, vous en lisiez des passages sur l'hebdomaire "Euskalduna"? J'avais lu avec attention son ouvrage "Buruxkak". J'ai beaucoup appris dans ce livre. Mais, mes sources d'information ont été surtout les chansons basques. J'en connaissais plus d'une centaine. Nous pouvons voir dans vos poèmes que vous parlez beaucoup du Pays basque. Vous parlez beaucoup de votre foi, de votre famille, on trouve de belles poésies destinées à votre soeur et beaucoup de textes émouvants aussi. Vous avez voulu apporter votre témoignage dans vos écrits. Chacun est le témoin de son milieu... La mer a été ma meilleure enseignante. Il faut dire que je suis né au bord de la mer. J'étais à cent mètres du rivage : j'étais toujours amené à en parler. Iratzeder tient à nous lire son poème "Itsasoan" ("sur l'océan"), sans aucun doute, son texte le plus célèbre. Sur l'océan (29 octobre 1950) Sur l'océan, sur l'océan, Sur la vaste et folle vague, Au loin, sur l'océan. J'allais souvent avec toi. Il n'y avait plus de mesure, Il n'y avait plus de frontière ! Toi capitaine, moi timonnier, Il n'y avait pas de coeur Plus joyeux que les nôtres. Au loin sur l'océan J'allais souvent avec toi. Ah ! Les paroles de là bas, Les chants, les rêves ! De vagues folles, d'amour, Nous emplîmes pour toujours Les coeurs de chacun. Sur l'océan, sur l'océan, Sur la vaste et folle vague... Depuis lors, où sommes nous ? Il y a tes os, je suis moine: Toi au ciel et moi dans le monde, Unis dans le chant, Pour aider les Basques. Sur l'océan, sur l'océan... Sur l'océan de Dieu, Dans la vaste et pleine joie. Et Iratzeder ajoute: là, je parle de mon frère mort à la guerre,mon frère aîné. C'est un événement qui vous a beaucoup marqué, n'est ce pas? Oui, oui, j'étais très lié à lui. C'est lui qui avait mis en moi l'amour de l'âme basque. Il était attaché à la langue de façon acharnée. Iratzeder, quand on parle de vos poèmes on parle souvent de ce cri de Gernika et de votre coeur. Cela veut dire que tous les événements relatifs à la guerre du Pays Basque vont ont beaucoup éprouvé? Quand je vivais à Saint Jean de Luz, les réfugiés arrivèrent de l'autre côté de la montagne. Je les ai beaucoup fréquentés, le compositeur Garbizu et d'autres. J'appris beaucoup de chansons basques avec eux et alors leur flamme s'alluma dans mon coeur. Certains basquisants de votre époque s'engagèrent dans la politique et vous, comme vous l'avez souvent dit, vous avez fait un autre choix, celui de vous faire prêtre. En vous faisant prêtre n'avez vous pas pensé que vous reniiez votre âme, la politique restant pour certains le remède principal? J'avais cette conviction que je devais sauver le Pays basque et je pris la décision que je devais faire le maximum pour y parvenir. Alors, je pensais qu'il était préférable dee faire entrer la force de Dieu en Pays basque. Et alors, grâce à mon père j'ai appris le basque. On dit que les moines vivent à l'écart du monde; vous avez eu malgré tout des échos de ce qui se passait dans le monde. Des faits de la dernière guerre et ensuite, des événements graves qui se produisent au Pays basque ces cinquante dernières années... Comment ressentez vous ce siècle basque quand tant de choses ont changé? J'avais pensé que le Pays basque avait besoin de l'énergie du Dieu céleste, et que, souvent, toutes les autres forces étaient souvent fausses, irréelles. Si je rapprochais la vie du Pays basque de Dieu, alors, que le Pays basque aurait une vie qui franchirait tous les siècles et qu'il vaincrait à l'avenir. "L'arme des mots", je ne sais s'il faut s'exprimer ainsi, la force des mots, de toute manière, vous l'avez utilisée sans répit.En tout cas, vous avez beaucoup utilisé les mots... Je voulais parler de ce que j'avais sur le coeur. Alors, il me fallait les mots pour faire part de mes pensées. Je devais utiliser les mots que je connaissais. Votre professeur et collaborateur en tous cas a été Urteaga, le compositeur et organiste de Saint Jean de Luz. Vous avez beaucoup travaillé avec lui. Il vous aidé dans votre voie? Oui, je lui donnais mes poèmes et lui me les mettait en musique. Il les composait à partir des couplets que je lui remettais. Et inversement aussi, il vous donnait ses musiques et vous créiez les paroles ensuite... Ah oui, nous nous sommes beaucoup entraidés. Il venait à Belloc et était souvent affligé de voir que l'on abandonnait le basque à Saint Jean de Luz. Alors, je travaillais avec lui, lui au piano et moi chantant, apprenant des chansons basques et de nouvelles chansons basques. Les Editions Ezkila ("la cloche") de Belloc ont été un moment important de votre activité à Belloc: pouvez vous nous en parler? Elles virent le jour quand la liturgie commença à être donnée en basque. J'avais remarqué alors qu'il fallait créer de nouveaux chants basques car autrement, ils allaient être introduits en français. Tous les chants arrivaient de Paris. Je traduisais tous les Psaumes en basque, il y en a cent cinquante, de façon à les chanter en basque. Vous avez dû fournir un long et important travail... Oui, et comment trouver le temps pour faire ce travail ? C'est alors que je tombai malade. Une fois malade, je suis resté alité deux ans. Je souffrais des poumons ; c'est alors que je mis tous les psaumes en basque, tous les chants que j'avais sous la main en basque. Cela fut un travail des Editions Ezkila. Il y avait aussi les revues "Otoizlari" et "Corde Magno". Quand et comment parurent elles? On commença à publier au couvent un mensuel en français, "Corde Magno". Alors, je pensais qu'il fallait le faire en basque aussi. Je créais une revue basque et je lui donnais le nom "Otoizlari"("le Prieur"). Je l'ai faite paraître durant quelques années. Elle contenait des prières et autres textes, il y avait aussi des poèmes. On y parlait des saints, de l'Eglise. Je parlais de la vie de l'Eglise et des premiers hommes d'église basques d'autrefois. Je parlais des saints aussi. Vous avez eu également une expérience importante en Afrique, Vous avez développé une annexe du couvent de Belloc dans le village de Sananado au Dahomey. Ils avaient commencé à construire un couvent en Afrique. Et alors, j'avais pensé que je devais moi aussi y aller. J'en demandais l'autorisation. On me l'accorda et j'y suis resté trois ans, jusqu'à ce que je tombe très malade. Si vous deviez comparer la vie et la foi des habitants de ce pays là avec celle qui se vit et se pratique chez nous, avez vous trouvé un autre milieu et avez vous connu la même foi? Il y a une grande resssemblance avec ce qui existe ici. Je ne connaissais pas bien la langue de leur pays. Je ne la savais pas mais nous avions quand même des relations. La construction des couvents, les travaux que fait l'Eglise catholique en Afrique font parfois l'objet de critiques, qu'il s'agit d'une culture étrangère et l'on dit, a contrario, que l'Eglise s'est toujours adaptée aux croyances locales. Avez vous réfléchi à de tels phénomènes là bas? Il est toujours facile de critiquer. Mais, nous n'étions pas allés là bas pour enseigner le français. J'étais allé pour introduire les paroles d'évangile dans leur vie et pour ce faire, il nous fallait d'abord apprendre leur langue. Nous avions commencé à l'apprendre et nous avions appris aussi leur chants. Et de même que j'avais traduit les cantiques en basque, là bas aussi je leur ai composé quelques chants. Quelle appréciation portez vous sur votre langue littéraire, à l'heure actuelle? J'ai essayé de parler le labourdin autant que possible, sans même l'associer au bas navarrais. J'utilise le dialecte labourdin. Et, je continue toujours ainsi. Tous les basques comprennent le labourdin.Moi je suis attaché au labourdin. Le poète Iratzeder aime répondre aux questions par un poème. Il nous ouvre son bel ouvrage "Biziaren olerkia" (Le poème de la vie) et nous lit "Munduan iragan da" ("Dans le monde est passé"). Dans le monde est passé le regard de Dieu: C'est lui qui habille de blanc la crête des monts, L'obscurité avec des étoiles, et l'océan avec des ciels. Dans le monde a fondu le regard de Dieu: C'est lui qui verse leur douceur aux mères, Dans les yeux des enfants le sourire céleste. Dans le mond est passé le regard de Dieu: C'est de lui que l'homme tire sa valeur, De lui son Rêve sans mesure. Dans le monde va le regard de Dieu: Ainsi nous est beau l'avenir du futur, Le Pays Basque éternel de demain. Vous donnez l'impression d'être toujours fermement fidèle à votre conviction de jeunesse et de n'avoir pas changé votre engagement d'alors. Je ne me renie pas. J'exprime ce que j'ai sur le coeur dans mes poèmes et mon manière d'écrire en est la conséquence. L'importance de l'évangile et la foi ressort toujours dans votre expression. Vous parlez du futur dans vos poèmes : que l'évangile est valable pour le futur et pour toujours. C'est un fait que vous pouvez rappeler? L'amour de Dieu et du Pays basque sont nés tous deux en même temps dans mon coeur et j'ai fait grandir les deux. Oui, j'ai été lié au Pays basque par la prière et à Dieu par amour pour le basque. Et je préserve les deux dans mon coeur. Vous aviez dit une fois qu'il fallait sauver le Pays Basque par la prière et non par la violence, et que vous vous y engagiez. Gardez vous la même pensée au vu de toutes les violences présentes de nos jours? Bien sûr! Et de plus en plus. Dans l'ensemble de vos poèmes, y en a t il que vous préférez? J'ai exprimé en vers ce que j'avais dans mon coeur alors j'ai de l'attachement pour tous ces vers. Et, en guise de conclusion, Iratzeder nous lit l'un de ses nombreux poèmes. Euskal lurreko (28 octobre 1951) Coeurs des mères de la Terre Basque Coeurs des mèresde la Terre Basque, oh, saints coeurs de mères ! Pensant et repensant aux enfants partis, effondrées en secret. Que de ma bouche montent les plaintes de leurs prières, Que le cri de la terre basque touche aujourd'hui le Seigneur du ciel. Intérieur des enfants que bercent les mères basques Que les montagnes et les horizons ne peuvent rassasier. La maison qu'ils quittent, pris par la nostalgie du lointain, Laissant souvent les yeux des mères attendre jusqu'à la mort. Ah, véritable vallée de larmes que la vie de ce monde! Toi aussi, Seigneur, tu as taché de sang cette terre où nous allons. Nous acceptons le baiser rouge de la croix. Ah, mais jouissons du Pays d'en haut avec nos enfants. Comment regarder de loin la foi mise en nos enfants, Qu'ils ne tombent pas quelque part dans le gouffre tout seuls. Voilà heureusement ce sommet avec les moines basques de Belloc : Protégeant et réunissant tout le monde, lançant des appels au ciel. Moines silencieux, modelez sur cette colline le coeur des coeurs basques Modelez l'Eglise des enfants basques du monde pour les siècles des siècles. Que cette Eglise protège les vivants... et aussi les morts, En faisant monter jour et nuit la prière de la Terre Basque. Photos: Euskaldunon Egunkaria, Eusko Ikaskuntza Euskonews & Media 114.zbk (2001 / 3 / 9 16) Eusko Ikaskuntzaren Web Orria
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