Alain Lamassoure: "Faire de Bayonne-Saint-Sébastien un ensemble cohérent, une sorte d'archipel urbain, doté d'équipements publics de haut niveau"

2003-11-28

SCARCIA, Robert

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2003/11-28/12-05 Alain Lamassoure

Vice-Président de l'Agence transfrontalière de développement de l'Eurocité Basque Bayonne-San Sebastián "Faire de Bayonne-Saint-Sébastien un ensemble cohérent, une sorte d'archipel urbain, doté d'équipements publics de haut niveau" Robert Scarcia

Jatorrizko bertsioa euskaraz La longue marche de l’Eurocité procède vers le but établi d’une seule agglomération urbaine de Bayonne à Saint-Sébastien. Il s’agit d’un processus de consolidation d’une idée pionnière en Europe, celle justement d’un espace urbain qui traverse les frontières des états. De l’Eurocité, de ses enjeux et des obstacles que le projet rencontre nous a parlé le député européen Alain Lamassoure, vice-président de la communauté d’agglomération de Bayonne-Anglet-Biarritz. Un petit pas en arrière, pourquoi l'Eurocité ? L'évolution spontanée des relations économiques et, tout simplement, humaines, entre les agglomérations de Bayonne et de Saint-Sébastien depuis le début des années 1990 a convaincu les responsables du B.A.B. et ceux du Gipuzkoa qu'une véritable conurbation allait se créer spontanément sur la période d'une génération. Pour les responsables politiques locaux, le choix était d'assister en spectateurs à cette évolution majeure, ou d'essayer d'organiser ensemble l'espace de vie devenu commun. Le concept d'Eurocité est né de cette volonté. Quels en sont avantages les plus immédiats, par exemple dans les transports et le commerce et ceux qui sont prévus à plus longue échéance? L'objectif est de faire de Bayonne-Saint-Sébastien un ensemble cohérent, une sorte d'archipel urbain, doté d'équipements publics de haut niveau, offrant suffisamment d'emplois et de services de tous ordres à ses habitants, et conciliant harmonieusement le développement et la qualité du cadre et du rythme de vie. Le projet avance-t-il et sinon, quels en sont les obstacles au niveau pratique et/ou juridique ? Le projet a connu une première phase, nécessaire à la connaissance mutuelle et aux études techniques. Nous avons constitué un observatoire, devenu Agence transfrontalière, avec le statut d'un G.E.I.E. européen, et nous nous sommes dotés d'outils de travail commun: un site internet, une carte géographique etc. L'élaboration d'un Livre Blanc nous a permis d'identifier la demi-douzaine de grands projets publics dont dépendront la structuration et le développement de l'Eurocité sur les vingt ans à venir. Il s'agit maintenant de passer de la phase d'étude à la phase de l'action

concrète. Les obstacles sont gigantesques. Nous avons surmonté finalement sans trop de difficultés les objections politiques de principe: des deux côtés, les capitales nationales et régionales appuient désormais la démarche. Le traité de Bayonne de 1995 et les aides financières de l'Union européenne (programme Interreg) ont été des appuis politiques précieux au moment opportun. Mais les différences des systèmes juridiques et les pesanteurs bureaucratiques sont colossales. Alain Lamassoure dans l'hémicycle du Parlement européen(2001).

Photo: www.alainlamassoure.com Dans quelle mesure la réalisation de l'Eurocité basque peut-elle inspirer, voire transformer la construction européenne dans la coopération quotidienne, et des dynamiques sociales ? Pour l'Union européenne, les zones frontalières ont l'immense intérêt d'être celles où les conséquences de l'intégration européenne et l'application concrète des décisions prises à Bruxelles sont les plus immédiatement visibles. Le passage à l'euro, la nouvelle réglementation de la distribution automobile, l'harmonisation ou la non-harmonisation fiscale, la reconnaissance des diplômes ont une traduction immédiate plus concrète à Hendaye qu'à Châteauroux. Quel est le rôle des administrations publiques dans l’essor de l’Eurocité ? Il est important, compte tenu de la répartition des compétences. De chaque côté, les difficultés sont les mêmes: il y a une bonne volonté de principe, et de gros obstacles bureaucratiques. Quel poids pensez-vous que le substrat culturel et linguistique basque a eu dans le lancement du projet de l’Eurocité ? Curieusement, assez faible. Naturellement, nous avons d'emblée mis en place des méthodes de travail trilingues, et le site internet est quadrilingue (avec l'anglais). Mais la vérité est que, de chaque côté de la Bidassoa, il y a deux mondes aussi différents que les deux moitiés de la hispanidad des deux côtés de l'Atlantique: la "culture" politique, administrative, économique, sociétale, n'est pas la même. Et c'est d'ailleurs la rencontre de ces deux "cultures" qui est passionnante. D'autres régions d'Europe sont-elles dans la même situation? Oui, beaucoup de régions frontalières, y compris en France même. C'est pourquoi nous avons créé un organisme commun, la Mission opérationnelle transfrontalière, dans lequel nous nous rencontrons régulièrement pour échanger nos expériences, avec le Grand Lille, l'Alsace, l'ensemble Menton-Vintimille, Genève-Annemasse etc. Il y a quelques mois, nous avons eu à Bayonne et Saint-Sébastien la visite des municipalités de Copenhague et de Malmoë, que le gigantesque pont de l'Oresund, au-dessus de la mer baltique, a rendues voisines. Est-ce qu'il y a une concurrence à ce niveau-là entre les villes d’Europe ? Non, pas du tout. Il peut y avoir des concurrences entre grandes régions, ou au niveau des très grandes métropoles: Londres, Francfort et Paris se disputent le rôle de principale place financière européenne. En termes de villes ou d'agglomérations, nos concurrents sont dans notre environnement immédiat: ce ne sont pas les ports de Rouen ou d'Amsterdam qui concurrencent Bayonne, au contraire! Par rapport à la dynamique de l’Eurocité, quels sont, à votre avis, les points forts et les points faibles de la Constitution Européenne? Tout ce qui accélère l'intégration européenne est une bonne nouvelle pour la coopération transfrontalière: l'Eurocité aurait été impossible sans la suppression des contrôles aux frontières et la monnaie commune. Mais l'Europe est conçue sur le principe fondamental de la subsidiarité, c'est-à-dire de la décentralisation: le niveau supérieur n'intervient que là où il apparaît plus pertinent que le niveau plus proche du citoyen. Ce qui veut dire que la plus grande partie des problèmes de notre vie quotidienne ne relèvent pas de la compétence européenne: Bruxelles s'occupe de la sécurité maritime et des liaisons TGV, pas de l'urbanisme et des transports urbains. Ce qui veut dire que l'Europe permet d'envisager des choses autrefois inimaginables, elle nous permet de rêver, mais c'est bien à nous, et à nous seuls, de passer du rêve à l'action. Alain Lamassoure

Alain Lamassoure est député européen dès 1989 (groupe Parti Populaire Européen). Il est actuellement membre titulaire de la commission des Affaires étrangères et membre suppléant de la commission des Affaires constitutionnelles. En 1991 Alain Lamassoure a été rapporteur du Budget 1991, puis président de la commission du contrôle budgétaire.

Au niveau local et national, M. Lamassoure est vice-président de la communauté d'agglomération de Bayonne-Anglet-Biarritz, vice-président du Mouvement européen France et vice-président de l'UDF.

Député à l'Assemblée nationale (1986-1993) à Paris, Alain Lamassoure a été Ministre délégué aux Affaires européennes (1993-1995) et Ministre délégué au Budget et Porte-parole du gouvernement (1995-1997).

Au niveau des études, Alain Lamassoure a reçu la formation de la prestigieuse Ecole nationale d'administration.
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