Filipe Oihanburu. Musicien et choréographe: Nous, les Basques, nous sommes anarchistes !

2010-10-08

VELEZ DE MENDIZABAL AZKARRAGA, Josemari

BELAXE. ITZULPEN ZERBITZUA

Il est des gens qui se distinguent dans leur vie par leurs nombreuses qualités et qui étendent leur ombre aux quatre coins du monde. Ces hommes et ces femmes éclectiques, il en existe au Pays Basque. Ainsi, Filipe Oihanburu a une personnalité bien difficile à définir. Doit-on évoquer d’abord la danse, le chant ou la sensibilité multiple dont il a fait preuve depuis sa plus tendre enfance ? Oihanburu est en tous cas l’une des personnalités les plus internationales du Pays Basque.

Philippe, Filipe, Pupu... comment doit-on vous appeler ?

C’est une longue histoire ! Quand j’étais petit, comme on me trouvait laid, on m’appelait Pupu. Et encore aujourd’hui, certaines de mes relations d’enfance de Biarritz continuent de m’appeler Pupu. Mais je préfère Filipe.

Basque de c½ur, mais Béarnais de naissance... Parlez-nous de vos parents.

Mon père, qui était biarrot, disait que j’avais été conçu à Biarritz. Mais ma mère avait un cousin à Argeles-Gazost, dans le Béarn, et c’est là que je suis né, en 1921. Depuis, je n’y suis allé que deux ou trois fois. Je suis donc Béarnais par ma mère, mais le nom de famille de la grand-mère de ma mère était Ezkurra, et ces Ezkurra du Béarn étaient originaires de Navarre. Le père de la grand-mère de ma mère, Pierre Ezkurra, était corsaire.

Comment l’Occitan que vous êtes s’est-il retrouvé en Uruguay ?

Je suis allé à Montevideo à l’âge de trois mois et j’y suis resté huit ans. En famille, nous parlions français —ma mère ne parlait absolument pas basque, et mon père très peu, car Biarritz a été une ville gasconne. Nous avons suivi mon père en Uruguay pour raisons professionnelles. Il travaillait à la Compagnie des Chargeurs Réunis. Il avait d’abord vécu en Indochine —ancien Vietnam-, où il avait rencontré et épousé ma mère et donné naissance à ma s½ur. Après un bref retour en France, il avait été nommé à Montevideo.

Vous avez donc fait vos premiers pas scolaires à Montevideo ?

Mes parents voulaient m’envoyer dans une école de religieuses françaises. A l’annonce de la nouvelle, j’ai pleuré à grosses larmes... cela les a définitivement dissuadés. Jusqu’à huit ans, je n’ai pas été scolarisé. J’ai appris à la maison à lire et à écrire, et surtout à dessiner. C’est sans doute de là que je tiens mon amour pour l’indépendance !

En 1930, votre famille est rentrée à Paris... C’est donc dans la capitale que votre formation officielle a commencé. Où avez-vous suivi vos études ?

L’entreprise de mon père l’a renvoyé à Paris. Ça a été l’occasion pour moi de bien apprendre le français et d’écarter les formules telles que : “Je vais à la pastelería”. J’ai découvert Molière, Racine, Victor Hugo et les autres. Cependant, le sentiment basque était ancré en moi. J’ai intégré le Collège Stanislas, un établissement catholique. La première année, l’un des prêtres m’a dit qu’il y avait « trois Basques dans la classe » : un de mes camarades de classe, moi-même et le prêtre en question, un souletin du nom de Jean Larrasket. Puis j’ai changé d’école, et j’ai vécu une autre anecdote liée à mon identité : Alors que le professeur parlait de la bataille de Ronceveaux, il a déclaré que c’étaient les Basques qui avaient vaincu Charlemagne. Tous mes camarades ont alors tourné les yeux vers moi.

C’est pendant les vacances de 1935 que vous êtes venu pour la première fois au Pays Basque. Puis, vous êtes allé chaque année à Hendaye...

Mes parents ont divorcé et les choses ont vite évolué. Ma mère est rentrée en Indochine et mon père a décidé de nous envoyer, ma s½ur et moi, passer les vacances de 1935 à Hendaye, chez nos oncle et tante. Pendant trois ou quatre ans, j’ai passé mes étés à Hendaye, et un grand évènement a eu lieu : la guerre civile espagnole. Au début, je défendais pleinement Franco. Mais mon oncle d’Hendaye était plus engagé pour la langue et la culture basques que mon père, et j’ai décidé d’apprendre la langue basque. Je me suis senti de plus en plus concerné par la cause basque. J’avais un ami de sept ans, d’Hondarribia, qui s’appelait Felix ; nous parlions espagnol entre nous. Un jour, je lui ai demandé : « ¿Tú eres español? », et il m’a répondu : « ¡Soy vasco, como tú! ». Bien sûr, cela n’a pas suffi pas à faire de moi un défenseur de la culture basque, mais cette réponse a nourri en moi l’envie de m’investir davantage pour la défense de la langue et de la culture basques.

Puis, la IIème guerre mondiale a éclaté...

Mon père a pris sa retraite et a décidé de déménager de Paris à Biarritz. Il a appelé sa nouvelle maison “Nere itzultzea” (mon retour). Parallèlement, je rêvais d’être militaire français ; c’est pourquoi j’ai intégré l’école préparatoire pour Saint-Cyr, à Bayonne. Nous étions trois jeunes biarrots, et nous avions écrit sur nos bérets militaires “Gora Euskadi askatuta” (vive le Pays Basque libéré). Il est évident que mes idées étaient en pleine mutation. Un jour, Migel Saseta, le frère du commandant basque Candido, a rejoint notre classe ; la moitié des élèves s’est affichée contre lui, mais nous le défendions. Migel et moi sommes devenus amis, et c’est par son biais que j’ai rencontré Michel d’Arcangues, le fils du marquis du château d’Arcangues, bascophone et abertzale basque ! Il était le seul de sa famille à parler basque.

Peut-on considérer que votre parcours a connu un tournant décisif à ce moment-là ?

J’étais ami avec Saseta et Michel, mais aussi avec le joueur de txistu Jon Hillau. J’ai rencontré Jacques Legasse —venant de droite, comme moi— et son frère Marc... Mais, à l’époque, les abertzale étaient rares. On peut tout de même ajouter Piarres Txarriton et Eugene Goienetxe. Nous sommes devenus abertzale grâce aux Basques venus du Pays Basque Sud. Malheureusement, Michel d’Arcangues a sombré en mer en 1946. Avant cela, en 1944, Jacques était mort à la guerre, touché par un obus. C’est à cette époque que j’ai rencontré les familles Sota et Villalonga.

Faisons un saut dans le passé ; nous sommes en décembre 1937, à Paris. Que s’est-il passé ?

J’ai vu Eresoinka à Paris. C’était un véritable miracle, à l’initiative du président Jose Antonio Agirre. Ils étaient ambassadeurs des Basques.

Comment votre passion pour la danse est-elle née ?

C’est un coup du sort, mais aussi du besoin ! A Biarritz, en 1942, le joueur de txistu Jontxu Hillau dont j’ai parlé tout à l’heure m’a encouragé à rejoindre le groupe Olaeta. J’y suis entré en tant qu’accordéoniste. En effet, Victor, le fils du créateur du groupe Segundo Olaeta, jouait bien du « soufflet de l’enfer », mais, les danseurs du groupe étant peu nombreux, son père préférait le garder comme danseur. Ils cherchaient donc un remplaçant à l’accordéon, et ils m’ont choisi. Je me suis alors totalement plongé dans le monde de la danse. L’abertzalisme basque et la danse basque ont grandi en moi en parallèle.

Puis la guerre mondiale est arrivée...

J’étais d’abord à Paris ; mais, affaibli par des conditions de vie médiocres, je suis rentré à Biarritz, pour me rétablir au calme. En décembre 1942, les Allemands m’ont appelé pour construire le mur de l’Atlantique. Pour éviter d’y aller, j’ai décidé de me cacher. La police est venue me chercher à la maison mais ne m’y a pas trouvé. J’ai fui à Paris, dans l’espoir de mieux me cacher. J’y suis resté un an et demi, avec des hauts et des bas. Ma petite amie de l’époque étant russe et juive, cela ne faisait qu’augmenter le risque que je courais. Puis je suis tombé malade et j’ai décidé d’aller aux thermes de Dax et d’approfondir mon apprentissage de la langue basque. Pour cela, j’ai vécu à Larressore, à Espelette et aux Aldudes. Mais je ne suis pas parvenu à bien maîtriser le basque.

Aviez-vous un professeur ?

Oh non ! Il existait un hebdomadaire bascophone, “Eskualduna”, pro allemand, mais je ne le lisais pas. J’avais trouvé le livre “Grammaire basque”, du père Eiheramendi, qui m’a servi d’outil d’apprentissage, parallèlement aux chansons. Michel d’Arcangues connaissait de nombreux chants basques.

Puis la guerre a pris fin...

Et je suis venu à Biarritz avec mon père. Bien que don Segundo Olaeta fut rentré à Bilbao, le groupe Olaeta a poursuivi son chemin et je l’ai réintégré. Le groupe comptait un ch½ur dirigé par le prêtre donostiarra Gelasio Aranburu. Mais il a abandonné le groupe précipitamment, poussé par l’absentéisme des chanteurs. Ces derniers sont alors venus me trouver, inquiets, car une représentation était prévue à Biarritz. Je n’étais pas musicien, même si je jouais de l’accordéon à mon niveau. Je me suis pourtant retrouvé à diriger le ch½ur... j’ai par la suite été nommé directeur artistique d’Olaeta. Nous avons décidé de changer de nom et de baptiser le groupe Oldarra.

Votre carrière artistique était donc lancée ?

J’ai bien vite réalité que les danses basques renfermaient un véritable trésor. Elles sont d’une richesse incroyable. Progressivement, je me suis dit que nous devions franchir une nouvelle étape. Des spectacles de deux heures mêlant chant et danse permettent de montrer un visage plus riche du Pays Basque. Notre nouvelle vie artistique était née. Nous avons dansé devant le premier ministre britannique Winston Churchill à Hendaye, puis nous nous sommes représentés en Suède, en Allemagne, en France et dans de nombreux autres pays. Je pensais qu’il fallait non seulement montrer notre identité au monde, mais le faire du mieux que nous pouvions. Nous avons donc révolutionné nos costumes, notre musique etc., envisageant notre offre comme un ballet.

Vous avez dit que vous ne maîtrisiez pas la musique. Comment est-ce possible, dans ce cas, que vous ayez composé la belle mélodie « Haize hegoa », aux Aldudes, fuyant les nazis...

Oui, c’est moi qui l’ai composée... même si Mikel Laboa, dans son enregistrement de cet air accompagné des paroles de Monzon, a écrit qu’il l’avait tirée du folklore basque. Je l’ai composée aux Aldudes, accompagné d’un piano. Plus tard, j’ai aussi créé une danse sur cet air, un menuet.

Vous avez toujours concilié l’art et le sentiment basque... On pourrait vous appliquer la déclaration du folkloriste Gaizka Barandiaran, « la patrie se construit aussi avec les pieds »...

Naturellement ! Au Pays Basque Nord, l’abertzalisme s’est construit sur deux plans : d’une part, sur les fondements des personnes venues du Pays Basque Sud ; et d’autre part, l’amour pour Euskadi s’est exprimé par le txistu, le chant, la danse, qui nous distinguent fondamentalement des Français.

Cela a créé des problèmes à Oldarra et à vous-même, puisque vous étiez considérés comme séparatistes... et le groupe s’est séparé...

Oui, mais, à vrai dire, c’est aussi pour des raisons personnelles que j’ai abandonné Oldarra. Bien sûr, il existait deux points de vue au sein du groupe : d’une part, ceux qui visaient le tourisme, dont le maire de Biarritz, défenseur de Franco ; d’autre part, il y avait les abertzale. Nous avons essayé de mener parallèlement les deux sentiments et objectifs, jusqu’au jour où nous avons réalisé que c’était impossible. En 1953, la division a eu lieu et la moitié des membres m’a suivi.

Vous avez alors créé Etorki...

Dans le groupe Oldarra, nous avions un autre problème : cela représentait trop de travail pour un groupe amateur. La plupart de nos danseurs avaient d’autres emplois, et cela ne pouvait pas durer, car nous avions énormément d’appels pour des représentations. J’ai alors décidé de professionnaliser le groupe, non seulement parce que la charge de travail était importante, mais aussi parce que les danses basques sont très complexes. J’ai donc créé le groupe Etorki comme groupe professionnel. J’ai eu beaucoup de chance, car de très bons artistes de Donostia ont rejoint le projet : le txistulari Polentzi Gezala, les danseurs Joseba Urrutikoetxea et Gene Yurre, la soprano Nekane Lasarte. D’autres se trouvaient à Paris : les gipuzcoans Santalla et Errasti, la biscayenne Ziordia etc.

Nous parlions donc trois langues au sein du groupe Etorki. Nous avons débuté au Théâtre des Champs-Élysées de Paris... mais nous avons vite réalisé que nous ne gagnerions pas beaucoup d’argent, et nous avons abandonné l’idée du professionnalisme au bout d’un an environ. En octobre 1954, nous avons eu du travail pendant un mois complet —c’était beaucoup pour un groupe comme le nôtre— et, qui plus est, en Espagne ! Je suis donc allé à Donostia pour remplir les premières formalités et engager de nouveaux artistes, car certains membres du groupe étaient réfugiés et ne pouvaient pas traverser la frontière. J’ai appelé le théâtre Gayarre de Pampelune, pour parler du spectacle... en vain, car j’ai appris que Madrid avait interdit toute notre tournée !

Le groupe Etorki a eu l’occasion de diffuser son art à travers le monde pendant trente ans... Vous avez été les ambassadeurs de la culture basque.

C’est vrai, mais nous avons connu des hauts et des bas. Tout d’abord, nos danses remplissaient deux conditions : la première était l’authenticité, car la danse basque et la danse classique sont très proches, mais il ne faut pas confondre les deux styles ; la seconde était que nous devions respecter les règles des salles dans lesquels nous nous représentions, concernant les décors et les moyens techniques. Nous devions donc adapter nos danses fondées sur l’authenticité aux besoins des différentes salles. La danse basque, habituée des places de villages, a une certaine chorégraphie inapplicable aux salles de théâtre.

D’autre part, je voulais montrer une certaine image du Pays Basque. Or notre pays est très riche en danses, j’ai donc dû faire une sélection draconienne. Souvent, on ne pouvait présenter qu’une partie de la danse. Dans le spectacle que nous avions appelé Ihauteriak (carnavals) nous présentions les joaldun, les kontilun-gorri etc., liés à l’esprit festif... mais, naturellement, les chorégraphies étaient raccourcies. Le spectacle de deux heures présentait le concert de Polentzi, les chants d’un ch½ur composé de vingt-cinq personnes et, bien sûr, les danses. L’authenticité était parfois osée ; ainsi, nous interprétions les danses du Guipúzcoa avec les costumes présentés par Iztueta ; nous dansions donc sans chapeaux, simplement avec des foulards ; cela nous a valu le surnom d’« Aragonais » ou « pirates » ! En résumé, le groupe Etorki s’est tourné vers le ballet basque, en partant des deux conditions que je viens de mentionner.

Nous avons parlé de votre facette d’initiateur du ballet, mais nous n’avons pas parlé du communisme... vous êtes un communiste assez particulier, puisque vous adhérez également aux idées de l’anarchiste Bakounine... Comment peut-on être à la fois communiste, anarchiste et abertzale ?

La question est large ! C’est souvent la vie qui nous guide. A Paris, je me suis aperçu que nous avions du succès, et les journaux avaient publié de belles critiques sur notre spectacle. Mais nous ne gagnions pas suffisamment d’argent et nous ne pouvions pas vivre en tant que compagnie professionnelle. C’est cela qui m’a fait changer de point de vue sur le mode de vie que nous voulions mener. J’ai commencé à m’intéresser au communisme. J’avais un beau-frère communiste, Agustin Alberro, bien que son père soit du PNV. J’ai pris ma carte au Parti Communiste et j’y suis resté dix ans, jusqu’à ce que les troupes soviétiques entrent à Prague en août 1968.

J’ai connu Bakounine à travers mes lectures, et je trouve regrettable que Marx ait remporté la bataille contre lui. « Un socialisme sans liberté est une caserne » disait Bakounine, comme s’il prévoyait ce que Staline mettrait en place. J’aime beaucoup les écrits de Bakounine, et j’ai moi-même écrit un livre, « La revanche de Bakounine ou de l’anarchisme à l’autogestion ».

L’anarchisme et l’abertzalisme basque sont-ils compatibles ?

Oui, bien sûr ! Nous, les Basques, nous sommes anarchistes ! Nous avons une idée large de la liberté et nous pourrions trouver de nombreux exemples d’anarchisme.

Nous ne pouvons clore cet entretien sans vous demander votre point de vue sur la situation mondiale actuelle...

J’ai récemment déclaré que le communisme de Staline ne valait rien car il a tué l’espoir. Au début, nous avions espoir dans le bonheur, mais il a tué cet espoir. De même, le capitalisme nous a montré son incapacité à être juste. On nous présente aujourd’hui des idées libertaires comme alternatives possibles. Nous allons devoir inventer quelque chose de nouveau pour provoquer le changement. Le changement viendra tôt ou tard, mais il est en cours. Nous ne pouvons supporter le monde tel qu’il est... c’est évident.

Ce changement peut-il être appliqué au Pays Basque ?

Naturellement. Il faut respecter l’être humain, et le Pays Basque est une communauté d’hommes et de femmes ; il faut respecter la volonté de cette communauté. Mais je voudrais souligner que notre priorité absolue doit être de sauver la langue et la culture basques. Nous verrons par la suite si c’est la gauche ou la droite qui l’emporte. Filipe Oihanburu Filipe Oihanburu est né dans le Béarn, à Argelès-Gazost, en 1921. Très tôt, il part en Uruguay avec sa famille. Puis, le long voyage de la vie l’attend, plein d’enseignements. Musicien et choréographe des groupes de danses Oldarra et Etorki, il présente le folklore basque dans le monde entier. Il crée, à Biarritz, le choeur qui porte son nom (1991) et en assure la direction. Par ailleurs, c’est également un écrivain profondément engagé en faveur de la langue basque. Il est l’auteur de plusieurs ouvrage dont, entre autres, “Euskal Deituren hiztegia”, “De Tbilissi à Getaria en passant par New-York, 1995-2008”, “Bakunin ou de l’anarchisme à l’autogestion”.
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